Odile Jacob publie

Jean-Marie Tjibaou

La Présence kanak Date de parution : 1 mai 1996

Jean-Marie Tjibaou (1936-1989) a traversé cette fin de siècle comme un météore. Encore inconnu des Français cinq ans avant sa mort, il a fait irruption sur la scène politique internationale et l'a trop rapidement quittée. Sa trace dans l'histoire n'a pas encore pu être appréciée dans toute sa singularité. Faute d'une bonne compréhension de la situation en Nouvelle-Calédonie ; faute aussi de ne pouvoir se référer aux paroles que ce Mélanésien sut adresser à tous ses contemporains.

Jean-Marie Tjibaou n'a jamais beaucoup écrit. La plupart des textes rassemblés dans La Présence kanak procède d'enregistrements de conférences ou d'entretiens donnés au gré des événements. Présentés par ordre chronologique, ils visent à restituer l'histoire récente de la Nouvelle-Calédonie à travers le regard de l'un de ses principaux acteurs. Ainsi nous est progressivement révélée une pensée cohérente, tout entière travaillée par la conviction que le dépassement de la situation coloniale relève autant de la lutte politique des Kanaks que d'une transformation de leur société. Ce livre, au fil des pages, s'élargit à d'autres perspectives. C'est du reste en cela que Jean-Marie Tjibaou occupe une place singulière parmi les leaders des pays colonisés. Sa réflexion dépasse constamment la situation spécifique de la Nouvelle-Calédonie pour poser l'une des questions les plus brûlantes de notre époque : en quoi et comment les cultures locales des petits peuples sont-elles en mesure d'apporter une contribution positive à l'émergence d'une civilisation mondiale ? Les Kanaks n'ont-ils pas quelque chose à dire et à apporter à notre mode de vie européen ? Le petit n'est-il pas en mesure de s'adresser utilement au grand, l'insulaire au continental, le local à l'universel ? Ainsi arpentée au plus près des événements, la question du colonialisme transcende la situation des Kanaks en une interrogation plus générale sur la liberté dans la différence.